Projet Jeune Leader (PJL) opère sur le principe que pour favoriser le développement sain des adolescents, il faut promouvoir leur accès à des services de santé compréhensifs, indépendamment d’où ils résident à Madagascar.
C’est dans cette optique que PJL a enquêté sur des services de santé de base dans les communautés rurales avoisinants les collèges publics partenaires desservis par les 113 « Mpanabe Jeunes Leaders » dans la région Haute Matsiatra. Les « Mpanabe Jeunes Leaders » sont des enseignants-stagiaires du cycle collège qui mènent le programme Jeune Leader en plus de leur matière de base à travers notre partenariat pilote avec le Centre Régional de l’Institut de Formation Pédagogique Haute Matsiatra et le Ministère de l’Éducation cette année scolaire 2022-2023.
Les « Mpanabe Jeunes Leaders » offrent plusieurs services aux jeunes adolescents dans leur collège rural assigné ; parmi elles, le « counseling » ou séance d’écoute et de conseils. Lorsqu’un élève partage une préoccupation de nature médicale, les « Mpanabe Jeunes Leaders » ont la responsabilité de référer ce dernier au centre de santé de base (CSB). Ces centres sont les entités qui fournissent la plupart des services de santé en milieu rural.
Afin de permettre au « Mpanabe Jeune Leader » de connaître les services disponibles dans leur CSB à proximité et de mieux comprendre le contexte dans lequel ils travaillent, nous avons élaboré un questionnaire (de 10 questions) que chaque Mpanabe Jeune Leader a rempli en personne avec les équipes de leur CSB de référencement.
Après consolidation des données individuelles, nous avons appris que la durée moyenne du trajet entre le collège public (CEG) et le centre de santé de base (CSB) à proximité est de 32 minutes à pied. Cependant, un tiers des CSB sont situés à plus de 40 minutes à pied du CEG, atteignant jusqu’à deux heures et demie de trajet pour une poignée des communautés. Cette distance géographique est une barrière à l’accès aux services ; il est difficile pour un/e adolescent/e de trouver un créneau libre au sein de son emploi du temps scolaire et ses engagements personnels pour effectuer ce voyage conséquent.
En termes de personnel : qu’une petite majorité (56%) des CSB visités par les « Mpanabe Jeunes Leaders » ont un médecin traitant. Les autres sont équipés avec un/e infirmier, sage-femme, et/ou aide-soignant, ainsi que des bénévoles et agents communautaires. En plus, la majorité des établissements (55%) ne disposent pas de services ni de personnes d’appui pour répondre aux personnes victimes de violence, une réalité à laquelle fait face pas mal d'adolescents à Madagascar. Cette forte hétérogénéité de ressources humaines à travers la région recensée réduit considérablement l’étendu de services disponibles pour les jeunes, et la possibilité de dispenser des services adaptés aux besoins des jeunes.
En termes d’infrastructure, 94% des CSBs ont des toilettes, 69% de l’électricité et 68% de l’eau. Avec un tiers des établissements n’ayant ni électricité ni eau, il est difficile d’offrir des services ou de traitements de base tant que pour les jeunes que pour le reste de la population.
D’un point de vue de qualité des services offerts, la forte majorité (89%) des établissements n’ont aucune obligation de consentement parentale pour accepter de jeunes clients ; pareil pour la garanti de discrétion lors des consultations médicales, dont 97% des CSBs affirment l’assurer. En outre, deux tiers des CSBs visités ont partagé qu’ils offrent des consultations gratuites ou à prix réduits aux jeunes afin de répondre aux obstacles financiers des jeunes desservis. Cette situation est encourageante car accéder aux services de santé de manière autonome et confidentielle est primordiale pour les jeunes. Cette protection de la stigmatisation et la discrimination autour de la santé des jeunes est également inscrite dans la Loi 2017-043.
En résumé, nous constatons que des barrières géographiques (distance trop éloignée), des ressources humaines insuffisantes, et des infrastructures manquantes, sont des défis pour les CSBs dans les zones que nous avons regardées ; en même temps, nous entrevoyons des facilitateurs structurels d’accès aux services qui ne doivent pas être négligés. Surtout, ce recensement nous a fourni des informations plus précises de la situation des services de santé pour les adolescents en milieu rural. Ces données informeront également des nouvelles stratégies pour renforcer notre système de référencement médical, toujours dans le but d’assurer que les jeunes adolescents à Madagascar ont accès à des informations, services, et soins pour vivre une transition saine à l’âge adulte.
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