En collaboration avec l'Université Pittsburgh Public Health, Projet Jeune Leader a appliqué une approche participative basée sur l'art afin de mieux comprendre ce que signifie l'autonomisation des jeunes à Madagascar.
Depuis sa création, Projet Jeune Leader (PJL) s'est fixé une vision ambitieuse : que chaque jeune malagasy s’épanouisse pleinement durant l'adolescence. Notre modèle est ainsi conçu pour les aider à relever les défis quotidiens auxquels ils sont confrontés, en particulier dans les zones rurales où les taux de grossesses et de mariages précoces sont préoccupants et où l'accès limité à l'information sur la santé, à une éducation de qualité et à des services adaptés aux jeunes aggravent souvent la situation.
Mais que signifie vraiment « s’épanouir » dans ce contexte particulier ? Et surtout, que signifie ce concept pour les jeunes malagasy que PJL à pour objectif de servir ?
Pour commencer à répondre à ces questions, nous avons une fois de plus collaboré avec nos chercheuses partenaires de l'Université Pittsburgh Public Health, Dr Jessica Burke et Dr Sara Baumann.
Conceptualiser l'autonomisation par l'art
Visual Voices a vu le jour il y a près de trente ans, initié par le Dr Michael Yonas. Son objectif était de créer un espace créatif et amusant où les jeunes pouvaient expérimenter avec des matériaux artistiques, partager leurs idées, apprendre les uns des autres et tisser des liens. En 2009, le Dr Jessica Burke a rejoint le Dr Yonas pour faire évoluer Visual Voices en une méthode de recherche participative formelle basée sur l'art. Aujourd'hui, Visual Voices permet aux participants d'explorer une variété de questions de santé prioritaires de la communauté à travers le dessin, la peinture ou encore l'écriture.
Nous avons donc décidé d'utiliser ses méthodes pour explorer spécifiquement ce que signifie l'autonomisation pour les jeunes malagasy.
L'autonomisation est un aspect indéniablement important de la santé et du développement des jeunes, et de ce fait de leur épanouissement. Cependant, il existe de nombreuses variations culturelles et contextuelles dans la définition de l'autonomisation. Nous voulions donc mieux comprendre ce que signifie « être autonome » dans notre contexte, comme nous nous efforçons continuellement de concevoir, de mettre en œuvre et d'évaluer notre programme de manière à ce que celui-ci réponde aux besoins et aux priorités des jeunes malagasy.
Un atelier créatif et amusant avec de jeunes adultes animateurs-éducateurs PJL
Originaires de l'Université de Pittsburgh, les Dr Burke et Baumann ont parcouru des milliers de kilomètres durant de longues heures pour nous rencontrer à Madagascar. Ayant fait la connaissance de PJL via des documents et des vidéoconférences en 2020, celles-ci étaient ravies de découvrir notre travail en personne pour la première fois !
Dans le cadre du séjour de ces chercheuses à Madagascar, nous avons réuni 18 de nos jeunes animateurs-éducateurs pour participer à l'activité de recherche Visual Voices.
En utilisant ce puissant outil artistique, les participants ont ainsi créé des illustrations, des peintures et des poèmes pour réfléchir de manière significative au sujet complexe de l'autonomisation des jeunes. Après avoir créé leurs œuvres, les animateurs-éducateurs ont ensuite harmonisé leurs travaux individuels en une œuvre d'art collective sous leur propre direction et vision.
L'autonomisation des jeunes, selon les éducateurs PJL
À travers leurs écrits, dessins et peintures, les animateurs-éducateurs ont mis en évidence sept thèmes clés de l'autonomisation des jeunes à Madagascar : la liberté, la force, les objectifs, les étapes pour atteindre ces objectifs, l'éducation, le développement et le soutien de la communauté.
Par exemple, dans sa peinture, Auréa, animatrice-éducatrice PJL, a décrit comment le processus de développement est constitué d'opportunités et d'expositions à la vie, combinées à des capacités de prise de décision :
" Parce que [l'animal] est enfermé dans la clôture, il ne peut pas voir ce qu'il y a à l'extérieur, et même s'il y a du soleil, l'animal ne peut pas voir ce qu'il y a à l'extérieur de la clôture parce qu'il est enfermé... [Ci-dessous] nous voyons que la chaîne de l'animal est brisée, et donc il peut aller voir ce qu'il veut, il peut prendre ses propres décisions, prendre ces décisions pour vraiment développer qui il est en tant que personne ou en tant qu'animal. Ils voient beaucoup de choses différentes. Et comme ils sont capables de voir tant de choses, ils sont capables de faire un choix qui est le meilleur pour eux, qui les épanouit."
Sylvie, aussi animatrice-éducatrice PJL, s'est également penchée en détail sur son tableau, soulignant l'importance de la force pour « résister à la tempête » et traverser les hauts et les bas de la vie afin d'en ressortir plus fort :
" ...il y a l'océan. Cet océan, c'est la vie. Vous traversez la vie, vous devez affronter les vagues.... même dans la vie, vous devez relever des défis... c'est ce que je considère comme l'autonomisation, parce que nous avons traversé toutes ces différentes « vagues de l'océan » dans notre communauté, notre vie, les défis [en faisant référence à la foudre]... Et cela s'est terminé avec le bateau. C'est ce que j'appelle l'autonomisation... Quand on est responsabilisé, on est sur le bateau."
L'animateur-éducateur Rivo à quant à lui également souligné les aspects spécifiques genrés de l'autonomisation dans son dessin :
" Il s'agit d'une femme qui conduit un camion et d'un homme qui amène ses enfants. Quand la femme était petite, elle commençait déjà à aimer les camions. Ainsi, même si elle est une femme, il n'y avait pas d'obstacle à ce qu'elle réalise ce qu'elle aime, à savoir conduire un camion. Il en va de même pour l'homme. Il aime les enfants, il aime s’occuper des enfants, et il n'est pas gêné d'élever ses enfants, de les présenter au public... Ce que je veux montrer, c'est qu'il ne devrait pas y avoir d'obstacle à ce que vous faites. Votre sexe ne devrait pas être un obstacle à ce que vous choisissez, mais cela devrait être basé sur ce que vous êtes en tant que personne."
Enfin, le poème d'Olivier a abordé plusieurs thèmes d'autonomisation découverts au cours de l'atelier.
Une collaboration continue pour un avenir meilleur
Sachant qu'il n'existe pas encore de mot malagasy pour traduire et définir l'autonomisation des jeunes à Madagascar, ce projet est le premier à commencer à élaborer une définition adaptée au contexte.
Il est important de noter que la méthode Visual Voices a offert aux personnes clés de notre programme - nos jeunes animateurs-éducateurs adultes - un espace où leurs voix peuvent être entendues, respectées et valorisées. Après avoir travaillé avec nos animateurs-éducateurs, nous avons ensuite mis en œuvre Visual Voices avec nos principales parties prenantes : les élèves (un article de blog sur ce processus sera bientôt disponible !). Nous continuerons à nous appuyer sur leur expertise dans le cadre de futures recherches afin d'élaborer une définition contextuelle de l'autonomisation des jeunes que nous pourrons utiliser pour évaluer et améliorer notre programme.
Visual Voices s'est avéré être un outil précieux pour nous rapprocher de notre vision d'une vie où chaque adolescent et adolescentes malagasy peut s'épanouir pleinement !
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